À l’image de son projet de formation, le projet de recherche du Master Bioterre vise à interroger les relations entre les différentes formes du vivant, humains et non humains, dans une démarche ouverte à la complexité du monde qui nous entoure. Cette ouverture se traduit par un soutien à des recherches variées, explorant des thématiques et des méthodologies originales, solidement ancrées dans une dimension territoriale. Les recherches s’inscrivent dans trois grands axes, complémentaires et imbriqués les uns dans les autres :
Axe 1. Interactions entre structures paysagères et fonctionnalités écologiques
Les recherches menées dans cet axe s’inscrivent dans une approche décloisonnée et dynamique des réseaux écologiques. Elles s’ancrent dans la géographie de l’environnement et l’écologie du paysage. Dans une approche réflexive et distanciée, elles visent à questionner le rôle de la connectivité du paysage sur la biodiversité (faut-il toujours chercher à reconnecter des habitats ?), les méthodes de caractérisation des réseaux écologiques (comment passer du réseau fonctionnel d’une espèce à un réseau planifié dans les territoires ? comment articuler les échelles spatiales pour décliner des orientations régionales à l’échelle locale ?), ou encore les modalités de conciliation des enjeux écologiques, économiques, sociaux ou politiques.
Les approches originales sur les déclinaisons de la trame verte et bleue (trame noire, blanche ou brune) sont encouragées, ainsi que les passerelles avec les autres axes (par exemple sur les approches sensibles autour de la trame blanche (sonore), ou sur la place de la biodiversité et de la connectivité dans les politiques publiques de végétalisation en ville.
Axe 2. Outils, politiques et stratégie de gouvernance de la biodiversité
Ces dernières années ont connu un formidable essor des mesures, dispositifs, politiques et stratégies censés œuvrer en faveur de la biodiversité. Identifier ces différents instruments, les analyser précisément, dans leurs caractéristiques comme dans leurs effets potentiels, s’avère essentiel et trop rarement pratiqué. Il importe d’interroger la pertinence de ces instruments, dispositifs et stratégies, qu’ils émanent d’opérateurs privés, des processus intergouvernementaux ou des acteurs associatifs, en se demandant s’ils favorisent une bonne gestion de la biodiversité et s’ils servent effectivement des formes de coordination et de coopération durables entre acteurs territoriaux.
Les recherches peuvent porter sur des espaces géographiques spécifiques, en mobilisant aussi bien des méthodologies issues de la géographie, des sciences politiques que de l’économie. Les enjeux de biodiversité étant souvent appréhendés à différentes échelles de gouvernance, les recherches auront intérêt à penser les interactions et les éventuelles synergies entre échelles.
Axe 3. Relations aux vivants, pratiques et perceptions
Les recherches menées dans cet axe questionnent les rapports humains/non humains à travers l’analyse des pratiques des citoyens, de leurs perceptions et représentations des différentes formes du vivant, dans les espaces du quotidien. Il s’agit également de s’interroger sur les nouvelles formes (individuelles et/ou collectives) de mobilisations et d’engagements des individus pour la biodiversité. Une attention particulière est portée aux approches sensibles, faisant une place importante à l’éducation, à l’art, aux démarches participatives étudiées à l’aide de méthodes classiques et expérimentales, notamment basées sur les sensorialités.
Les recherches visent par exemple à s’interroger sur les dispositifs et pratiques pédagogiques encourageant une implication active des élèves dans la gestion de la biodiversité (thèse de Maëlle Schneider), ou encore sur les relations des habitants à la nature de proximité. Si une place essentielle est faite aux citoyens dans cet axe, leur approche des vivants peut être mise en articulation avec celle de l’ensemble des acteurs du territoire.
Cette diversité de thématiques s’accompagne d’une variété de méthodes complémentaires. Les enquêtes, entretiens et observations participantes nous apportent une compréhension des contextes sociaux, culturels et institutionnels qui influent sur la prise en charge du vivant dans les territoires. Ces approches éclairent les liens entre humains et non humains, révélant les perceptions individuelles et collectives qui façonnent nos relations à la biodiversité. Les techniques de mesure, modélisation spatiale et cartographie permettent de quantifier et de représenter les différentes facettes de la biodiversité. La modélisation d’accompagnement et les outils de simulation facilitent l'élaboration de scénarios prospectifs de gestion co-construits avec les acteurs de terrain. Ces approches offrent une meilleure compréhension des facteurs humains qui influencent la distribution et le déplacement des espèces animales et végétales et fournissent des outils essentiels pour la planification et la mise en œuvre de mesures de conservation adaptées.
Les recherches du master Bioterre contribuent également aux discussions de l’atelier 5 Le vivant et ses enjeux territoriaux et environnementaux du laboratoire LADYSS, auquel les membres de l’équipe pédagogique sont rattachés.
Laboratoire LADYSS
L’analyse croisée des dynamiques sociales et de la recomposition des espaces, thème central de LADYSS, s’inscrit dans le prolongement d’un héritage, celui des collectifs de chercheurs qui avaient été à son origine (GRMSE et Strates), celui d’une ambition partagée d’une mise en relation des dynamiques territoriales et des modifications sociales. L’idée qui réunit ainsi les chercheuses et chercheurs de différentes disciplines – la géographie, la biogéographie, la sociologie, l’anthropologie, est l’analyse des processus de territorialisation de l’action individuelle et collective, déclinée en l’étude d’un système-monde, celle d’un quotidien fait de problèmes locaux, au travers d’objets particulièrement représentatifs des mutations des sociétés contemporaines, en particulier l’environnement.
Le laboratoire Dynamiques sociales et recomposition des espaces (LADYSS) est une UMR pluridisciplinaire distribuée sur 4 sites universitaires (Paris 1, Paris 7, Paris 8, Paris 10). Rattaché à deux Instituts du CNRS (INSHS et INEE), le Ladyss dépend de deux sections du CNRS (39 et 36) et de trois sections du CNU (19, 23, 24). Il est issu de la fusion, en 1997, de 2 laboratoires représentant chacune une discipline : la sociologie (le GRMSE, H. Mendras et M. Jollivet), et la géographie (Strates, M. Rochefort et N. Mathieu). Les appartenances actuelles de ses membres recouvrent de nombreuses disciplines des SHS. Le laboratoire se structure autour de trois transversalités et de 6 ateliers.
Directeur : Thomas LAMARCHE
Adjoint : Johan MILIAN
Pour en savoir plus : LADYSS