Stage de terrain dans le Haut-Jura

C’est sous le soleil que les étudiant.es de la promotion Bioterre 2024/2025 ont pris part à ce stage d'étude et de cohésion, au cœur du paysage haut-jurassien. Autour du thème de la dynamique territoriale, ils et elles ont échangé avec les différent.es acteurs de terrain sur leur rapport à leur territoire. Qu’il s’agisse des professionnels du monde agricole, d’élus ou des gestionnaires forestiers, les étudiant.es ont eu une vue transversale et pluridisciplinaire des dynamiques qui animent le territoire du Haut-Jura.

L’agriculture, un fort marqueur identitaire du Haut-Jura 

Dès leur arrivée, la promotion a été plongée au cœur de la filière du comté, fromage incontournable et historique du Haut-Jura. Après une présentation de la fromagerie de Nantey par Aurélien Perret, le groupe a été accueilli sur l’exploitation bovine de Nicolas et Michel Perrodin sur le territoire de la Petite Montagne jurassienne. Outre les spécificités de la production du comté, les étudiant.es ont été initié.es au système de coopérative et invité.es à réfléchir sur les problématiques rencontrées par le système agricole face aux dérèglements climatiques. Afin d’avoir connaissance de tous les maillons qui composent la production fromagère, une visite nocturne a été proposée au Fort-des-Rousses, ouvrage historique et militaire, aujourd’hui dédié à l’affinage des comtés issus des fruitières locales.

Patrick Abraham de la Ferme au Chapeau Vert aux Bouchoux a, lui, insisté sur les résiliences nécessaires au monde de l’élevage pour faire face aux crises mondiales. Son exploitation ovine, axée sur la diversification, lui a permis de montrer au groupe les vertus de l’éco-construction. M. Abraham a été accompagné de Jérôme Gagneur, apiculteur et ancien forestier. Le binôme a pu apporter une analyse croisée des problématiques rencontrées dans le monde agricole et de leur rapport au monde de la biodiversité. 

Gouvernance locale et stratégies de développement 

Entourée de Claude Mercier, maire de la commune de La Pesse, Grégoire Jubert et Audrey Grandclément, conseiller.es municipaux, la promotion a profité d’un riche moment d’échanges sur les dynamiques des communes rurales, de plus en plus sensibles aux aléas liés aux dérèglements climatiques qui obligent les acteurs à repenser, notamment, leur rapport au secteur touristique. Des questionnements ont également émergé sur les problématiques de gouvernance locale et de co-décision en lien avec la construction d’un hameau léger sur les terres communales. 

L’après-midi, les étudiant.es ont eu l’honneur d’assister à une présentation mixte des deux parcs jurassiens : le Parc Naturel Régional du Haut-Jura français, représenté par la Directrice adjointe Margaux Lebecque ainsi que le Parc Jura Vaudois suisse et son Directeur, Paolo Degiorgi. Après une présentation des objectifs et des modes d’action d’un Parc, tout en soulignant les disparités transfrontalières, les intervenants ont insisté sur les problématiques partagées et les actions menées à quatre mains. Un point a également été réalisé par Manuel Lembke, chef de service Milieux Naturels, Agriculture et Forêt, sur les actions mises en œuvre par le PNR du Haut-Jura en faveur des agriculteur.ices. 

Enfin, c’est à l’Atelier des Savoir-Faire de Ravilloles que Flavie Rolandez et Camille Poix  ont insisté sur la forte identité artisanale du Jura et des actions mises en place par cet incubateur local qui s’efforce de mettre en lumière le travail des artisan.es. Ce projet est porté par la communauté de communes du Haut-Jura Saint-Claude. Les étudiant.es ont ensuite pu profiter des enseignements de Charlotte Charbonnier sur les principes de la sérigraphie végétale sur tissu et les exigences de cette technique d’impression millénaire. 

Nous remercions également Bruno Thomas, de l’entreprise Bête à bois, qui a tenu à faire perdurer l’industrie locale et l’artisanat du bois en proposant des jeux collectifs et collaboratifs tout en échangeant avec la promotion sur son parcours de vie. 

Une gestion du territoire en équilibre entre le développement et la préservation du vivant 

Jean-Baptiste Strobel du PNR du Haut-Jura a profité du paysage du domaine des 7 lacs pour développer les spécificités du programme Natura 2000 et des actions du Parc en faveur de l’environnement et de la biodiversité. C’est au milieu d’une prairie pâturée que la promotion a pu observer les initiatives du Parc autour d’un contrat favorisant l’entretien du paysage par l’élevage, conciliant les intérêts des mondes forestier et agricole. 

En tant que représentant de la coopérative forestière Coforet, Jérôme Masnada a, lui, insisté sur les principes de la gestion en futaie jardinée, typique du massif jurassien. La promotion a ensuite pu observer les dégâts du scolyte et les menaces qui planent sur la forêt face au changement climatique qui affecte l’aire de répartition de l’épicéa dans des proportions plus importantes que prévues. 

C’est ensuite l’ascension de la Croix des Couloirs, vue imprenable sur les massifs, parfaite pour les analyses géologiques et géomorphologiques, qui a été guidée par Marjolaine Morland de l’association Grand Tétras Jura. Autour du jeu et de la sensibilisation, le groupe en a appris un peu plus sur les menaces auxquelles font face les populations de cet oiseau local, érigé comme emblème du massif du Jura, et les actions mises en place pour le protéger. 

Enfin, une déambulation autour du Lac des Rousses a permis aux étudiant.es d’observer des zones humides sous l'œil aiguisé de Jérôme Canivé. Ces tourbières étaient également l’occasion pour le groupe d’observer les dynamiques d’évolution et de se projeter dans le devenir de la biodiversité dans ces milieux fragiles. 

Nous remercions chaleureusement toutes les personnes rencontrées pour le temps qu’elles nous ont consacré. Merci aux équipes du gîte CAP Mauriana pour leur professionnalisme, leurs sourires et leur accueil.